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Le langage, que nous utilisons pour décrire qui nous sommes, influence directement la manière dont nous nous percevons, et par extension, la manière dont nous agissons. Des expressions comme « je suis quelqu’un de timide », « je suis inquiète par nature », ou « je suis nul en maths » sont souvent utilisées sans réflexion, mais elles peuvent avoir un impact négatif profond sur notre développement personnel et notre bien-être. Ce type de discours, qui associe des états temporaires ou des difficultés à une identité fixe, peut en réalité nous enfermer dans des cadres rigides et limitants.

Le piège du langage identitaire

Lorsqu’on dit « je suis timide » ou « je suis une personne stressée », on transforme une expérience passagère ou un comportement circonstanciel en une partie intégrante de notre identité. Ces formulations suggèrent que ces caractéristiques sont immuables, qu’elles font partie de notre essence profonde, ce qui rend tout changement plus difficile. En d’autres termes, elles créent une sorte de « réalité » qui nous contraint, nous enferme dans une version figée de nous-mêmes. Cette rigidité peut générer un sentiment de résignation et même de fatalisme.

Prenons l’exemple de la phrase « je suis nul en maths ». En la prononçant, vous ne décrivez pas simplement une difficulté à comprendre un concept précis à un moment donné, mais vous vous définissez comme quelqu’un qui, par essence, n’a pas de compétences en mathématiques. Cette étiquette risque de vous empêcher de progresser, car vous acceptez l’idée que c’est une partie inchangeable de vous.

Vers un langage libérateur

Une alternative puissante consiste à adopter un langage axé sur les comportements ou les expériences actuelles plutôt que sur l’identité. Par exemple, au lieu de dire « je suis timide », on peut dire « je me sens timide dans certaines situations ». Plutôt que « je suis nul en maths », dire « je ne comprends pas cette leçon de maths pour l’instant ». Cette simple reformulation a un effet libérateur. Elle replace la difficulté ou l’émotion dans un contexte temporaire et non dans une essence figée, ouvrant ainsi la porte à la possibilité du changement.

En reconnaissant qu’il s’agit de comportements ou de sentiments temporaires, vous réalisez qu’ils peuvent évoluer avec le temps, les efforts et les apprentissages. Cela crée un espace mental pour l’amélioration et le développement personnel. C’est une approche plus souple et adaptable, qui permet de garder une ouverture sur le futur, plutôt que de s’enfermer dans des schémas rigides.

L’impact sur la perception de soi et sur les autres

Le langage identitaire a aussi un impact sur notre perception des autres. Si vous pensez : « il est toujours en retard, c’est quelqu’un de paresseux », vous figez l’autre dans une étiquette. En revanche, dire « il a tendance à être en retard ces derniers temps » laisse une ouverture pour le changement et empêche de réduire la personne à un seul aspect de son comportement.

Le même principe s’applique à soi-même. Dire « je suis stressé par nature » renforce l’idée que le stress fait partie de vous. Dire « je ressens du stress dans certaines situations, surtout quand je parle en public » vous permet de dissocier ce sentiment de votre identité. Cela devient alors une réalité que vous pouvez traiter et surmonter, plutôt qu’un trait immuable de votre personnalité.

Le rôle du langage dans la transformation personnelle

Changer la manière dont nous formulons nos pensées n’est pas une simple question de sémantique. Les mots que nous utilisons façonnent notre perception de la réalité. Des études en psychologie cognitive montrent que les croyances identitaires sont souvent auto-renforçantes. Par exemple, si vous croyez fermement que vous êtes « nul en maths », cette croyance influencera votre motivation à essayer d’apprendre, votre persistance face aux difficultés et même vos résultats. En revanche, voir cette difficulté comme un comportement temporaire ou un manque de compréhension actuel vous permet d’adopter une attitude d’apprentissage plus ouverte.

Le langage comportemental favorise la « mentalité de croissance », un concept développé par la psychologue Carol Dweck, selon lequel les capacités peuvent être développées à travers l’effort, la stratégie et l’apprentissage. Cette mentalité, associée à un langage flexible, permet de créer une vision du soi plus dynamique et propice au changement.

Comment transformer son langage au quotidien ?

Voici quelques pistes pour adopter un langage moins figé et plus ouvert au changement :

  1. Observer son langage : Prenez conscience des moments où vous utilisez des formules identitaires comme « je suis » ou « je ne suis pas ». Cela peut demander un peu de temps et de pratique, mais c’est la première étape vers le changement.
  2. Reformuler vos pensées : Transformez vos affirmations identitaires en descriptions comportementales. Par exemple, remplacez « je suis anxieux » par « je ressens de l’anxiété dans cette situation ».
  3. Utiliser des termes temporaires : Employez des mots qui laissent la place au changement, comme « pour l’instant », « dans cette situation », ou « en ce moment ». Ces expressions vous rappellent que rien n’est figé.
  4. Valoriser le processus plutôt que l’étiquette : Plutôt que de vous concentrer sur ce que vous êtes ou n’êtes pas, focalisez-vous sur ce que vous faites ou pouvez apprendre. Par exemple, si vous vous dites « je ne suis pas sportif », vous pouvez remplacer cela par « je commence à découvrir des activités physiques qui me plaisent ».
  5. Éviter les généralisations : Évitez d’étendre une difficulté ou une émotion à toute votre personne. Reconnaître que ce sont des états passagers vous permet de ne pas en faire une vérité absolue.

Libérez-vous des étiquettes pour grandir

Le langage identitaire enferme l’individu dans une perception figée de soi, limitant ainsi ses possibilités de transformation et d’épanouissement. En prenant conscience des mots que nous utilisons pour parler de nous-mêmes et en optant pour un langage plus souple, centré sur les comportements et les expériences, nous nous offrons la possibilité de changer, d’évoluer et de nous développer. Les mots que nous choisissons ont le pouvoir de façonner notre réalité. En les adaptant, nous adaptons également notre capacité à grandir.

Philippe Nappey coach PNL/Hypnose